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March 13, 2024

Et si la France avait gagné la Coupe du Monde 1978? 4e épisode

Et si la France avait gagné la Coupe du Monde 1978? 4e épisode

RFA - France (4e épisode)

 

Après cette Ô combien, brillante et inespérée qualification, qui plus est à la première place de son groupe, l'équipe de France commença à susciter un fort engouement dans l'Hexagone (Enfin !).  Cela faisait 20 ans que l'on attendait des successeurs aux héros Suédois qu'avaient été Kopa, Piantoni ou Fontaine, il était temps que La Pampa remplace la Scandinavie dans nos glorieux faits d'armes. 

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Curieusement, les têtes de séries du premier tour avaient toutes terminé à la deuxième place et pour la phase suivante pouvant mener à la finale, la France hérita d'une poule 100% européenne avec l'Allemagne de l'Ouest, les Pays Bas (les deux derniers finalistes de l'épreuve) et l'Autriche qualifiée devant le Brésil, excusez du peu. On rejouait un remake de la guerre de 30 ans sauf que celle-ci durerait un peu moins de 10 jours.

Pour la première confrontation de ce mini championnat, les Bleus rencontraient la RFA, qui s'était qualifiée logiquement en compagnie de la Pologne. Certes, la Mannschaft n'était plus la glorieuse équipe de 1974, elle avait perdu des cadres légendaires comme Beckenbauer, Overath, Grabowski, Hoeness, était en phase de reconstruction mais habituée aux phases finales, elle restait une valeur sûre, un adversaire plus que redoutable même si une polémique l'avait éclaboussée avec le choix de Paul Breitner, très engagé politiquement de ne pas participer au tournoi.

En effet, le "Kaiser Rouge", Maoïste revendiqué avait été l'un des premiers à s'élever contre l'organisation d'une compétition mondiale dans un pays dirigé par une junte militaire. Autre absent de marque, Gerd Müller, "der Bomber", le buteur Munichois avait pris sa retraite internationale mais en Allemagne, un Müller en cachait toujours un autre, et même 2 en l'occurrence. Le premier, Hansi, était un jeune joueur d'une classe folle et d'une aisance et finesse techniques hors norme. Quant au second, Dieter, c'était un avant-centre redoutable qui ferait les beaux jours des Girondins de Bordeaux dans les années 80 (mais ça, c'était une autre histoire, on ne le savait pas encore).

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Les Bleus n'avaient, à présent aucune obligation de résultat, ils avaient rempli leur contrat, surmonté ce "Monte Bianco" italien et cet "Aconcagua" argentin du premier tour, on n'exigeait plus rien d'eux. Sauf Hidalgo qui en voulait plus. Il y avait un coup à jouer, il en était convaincu. 

Michel Hidalgo y croit

Face à une Allemagne vieillissante et des Pays-Bas au crépuscule de leur ère dominante, on se trouvait peut-être à l'aube de la fin d'un règne partagé par deux puissances. Alors, pourquoi ne pas saisir l'occasion de mettre fin à cette double hégémonie en tranchant simultanément les deux têtes de cette Hydre?

Restait l'Autriche et ce diable de Krankl, attaquant soulier d'or européen avec ces 41 buts avec le Rapid de Vienne, capable à lui seul, de tout envoyer "valser" ! Le sélectionneur français était persuadé qu'il lui fallait concerner l'ensemble de son effectif pour aller le plus loin possible dans la compétition, pas d'équipe type mais un groupe capable de jouer son propre football tout en s'adaptant à l'adversaire.

Se préparer au défi physique et blinder la défense

C'est pour cela que face au défi physique annoncé des allemands, il "blinda" sa défense Maginot avec Janvion (pour s'occuper du cas Rummenigge) Trésor/Lopez dans l'axe pour museler Fischer et l'empêcher de mousser(!) puis Bossis pour contrer le "vieil" expérimenté Hölzenbein. Au milieu il choisit Bathenay en 6 (car il connaissait bien les allemands) l'indispensable Alain Giresse et relança cet hors pair technicien de Guillou. Quid de l'attaque ?

Hidalgo met les pointes sur les ailes, pas sur les casques

Là encore, surprise "Hidalguesque" puisque que l'on retrouva Rocheteau et Rouyer sur les ailes, tant redoutés pour leur vivacité face aux vieilles cannes de Dietz et Vogts puis Platini, encore en pointe, en avant-centre pouvant créer le danger à tout moment.

Et c'est donc dans le Monumental de River Plate devant 60,000 spectateurs que cette rencontre put débuter.

Trésor capitaine, n'eut pas besoin de paraphraser son illustre ainé gradé grenadier Français en lançant un "Messieurs les Germains, tirez, les premiers", car les Saxons ne se firent pas prier pour prendre les choses en mains. On était plus dans la blitzkrieg que la "drôle de guerre". La première mi-temps fut tout bonnement à sens unique, à cause (grâce) d'Hansi Müller. "Le brésilien de Stuttgart" fit étalage de toute sa classe, Rummenigge fut trop puissant pour Janvion et Holzenbein trop roublard pour Bossis. Fischer mit une "pression" constante sur Lopez qui décapsula et faucha l'avant-centre allemand à la 12 ème minute. Pénalty transformé par "Kalle". Ce fut ensuite Rainer Bonhof  qui scora d'un coup franc surpuissant à la 42 ème. 2-0 à la pause.

Une armée des hombres

A la mi-temps, Hidalgo ne tint pas un discours guerrier de circonstance, il se voulut rassurant, on avait laissé passer l'orage, pris l'eau, le bouillon, la foudre mais, rappela-t-il : "Dans le sport, tout pouvait basculer rapidement, continuez, confiance en vous" furent ses maîtres mots. "Soyez une armée des hombres".

La seconde période fût l'exacte opposée de la première. Était-ce là le résultat de "l'appel du général" de la Gaulle, Hidalgo ? Toujours est-il que les français parlèrent enfin aux français. Piqués au vif, les joueurs tricolores parurent plus entreprenants, conquérants, résistants, Platini recula d'un cran pour apporter son soutien au milieu qui redevint par la même occasion, souverain, le terrain était bleu, un "champ des artisans" et le binôme La Rouille/Ange vert virent leur travail de sape, enfin payer. 

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Le fair-play de Maier

Car, malgré la blessure de Guillou à la 63ème minute, remplacé poste pour poste par Battiston, ce fut tout d'abord Trésor qui marqua d'une splendide reprise de volée à la 67ème minute suite à un coup franc magistralement tiré par Giresse. Puis en toute fin de rencontre, Battiston, qui, lancé plein axe par son pote Platini, se présenta seul devant Maier sorti à sa rencontre et ne manqua pas l'occase de scorer dans le but vide. 2-2, score final.

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Les deux équipes s'en sortaient bien et préservaient toutes leurs chances pour la suite de la compétition au terme d'une rencontre, Ô combien, riche émotionnellement.

A noter le fabuleux fair-play du portier Allemand qui aurait pu découper "Battiste" sur l'action du but décisif mais qui déclara après match suite à une question de ses compatriotes journalistes sur sa curieuse passivité lors du but: "Jamais je n'agresserai intentionnellement un joueur, quel qu'en soit l'enjeu ", "Ich bien ein Spieler".  La klasse!

Score Final :  RFA 2 - France 2