France - Autriche (5e épisode)
Après cette première rencontre de second tour face à la République Fédérale Allemande, le bilan n'était pas "mi-fugue mi-raison", c'était même plus qu'encourageant en soi. Certes, la France n'avait rien décroché, emporté, ni même validé mais rien irrémédiablement hypothéqué quant à ses chances de qualif'. Ce n'était pas un Austerlitz victorieux mais non plus un Waterloo, qui plus est, face aux derniers champions du monde et vice-champions d'Europe.
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Tout était encore jouable au plan comptable puisque dans l'autre rencontre du groupe, les Pays Bas avaient étrillé l'Autriche 5 buts à 1 grâce à une démonstration de force et de talent du tandem Rensenbrick/Johnny Rep (3 buts et 3 passes décisives à eux deux). Paradoxalement, ce n'était pas pour rassurer Hidalgo qui se méfiait énormément de cette deuxième équipe germanique opposée aux tricolores car les Bleus se présentaient là, en position de favori, situation nouvelle, piégeuse à souhait et statut peut être difficile à assurer et assumer pour eux.
Place à la défense avec Dropsy dans les cages
Les Autrichiens avaient démontré au fil des derniers mois qu'ils étaient solides défensivement et n'avaient d'ailleurs encaissé que 2 buts lors du premier acte de la compétition face aux espagnols, suédois et brésiliens. Encore une fois, le sélectionneur français surprit tout son monde. On s'attendait à une équipe offensive, prête à prendre le jeu à son compte et mener les débats mais il prit un surprenant contre-pied en érigeant tout d'abord une défense solide ou plutôt un rideau de fer avec Dominique Dropsy dans les buts pour sa première sélection, censée ajouter de la maitrise dans les airs du haut de ses 1,83 mètre et surtout pour faire plaisir aux fans du Grand Est car depuis François Remetter et Raymond Kaelbel, éternels titulaires héros en 54 et 58, c'était plutôt morne plaine dans les rangs alsaciens question capes internationales.
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Devant le gardien Strasbourgeois, une charnière centrale "prise à deux" stéphanoise composée de Janvion/Lopez pour museler Krankl, "l'ennemi public n°1", un Trésor libéro en couverture/sécurité/assurance MMA et deux beaux BB, Bossis/Battiston comme latéraux/pistons. Le milieu de terrain était lui aussi prudent avec le retour de Sahnoun en sentinelle "anti-Prohaska" suivi du duo Bathenay-Henri Michel, pour faire le boulot, le taf, le job dans l'axe.
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En attaque, là aussi, point de poète mais des guerriers, à l'image du "bi-homme" Lacombe/Onnis capable de perturber/inquiéter Bruno Pezzey, ce grand libéro et toute son arrière garde "impériale" Viennoise. Le sélectionneur n'avait qu'une idée en tête : "gagner !". Il n'avait pas concocté une équipe de créateurs/virtuoses mais plutôt un régiment de combattants, vieux "grognards".
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Au football, à l'instar du rugby, il y a deux sortes de joueurs, ceux qui déménagent les pianos et ceux qui en jouent. Et face aux héritiers de Mozart, ce n'était pas une symphonie mais un véritable coffre-fort qu'Hidalgo avait décidé de diriger. Une équipe de France, sans Platini, Giresse, Guillou, Papi, sans chef d'orchestre, c'était, à priori, une hérésie, un "flûte !!" pas très enchanté" mais le patron français était pragmatique, rien ne comptait plus pour lui que la victoire, quitte à sacrifier ses idées de beau jeu sur l'autel du résultat. L'exception confirme toujours la règle. C'est donc en formation "sapin de Noël" que se présentèrent les troupes françaises, un 5-3-2, costaud, en ordre de bataille et apte à en découdre.
Il faut bien avouer, après coup, que cette rencontre ne restera pas dans les annales comme le "Beau Danube bleu" ni les "Rapid(es) de Vienne" car ce fût surtout une farouche partie d'échec entre deux formations soucieuses de ne pas prendre de but. L'enjeu pris le pas sur le jeu au terme de débats, on ne peut plus, équilibrés. Ce furent surtout les 2 portiers qui se mirent en évidence en première période, Dropsy devant Krankl, Prohaska, Schachner et Koncilia, peut être le meilleur gardien de la compétition, devant tour à tour Onnis, Michel et Trésor.
Hidalgo remplace Michel par Papi à la mi-temps
A la mi-temps, après ce score nul et vierge, l'entraineur français revit sa copie et fit entrer Claude Papi à la place de Michel, qui avait beaucoup donné, ce qui apporta immédiatement plus de créativité, fluidité, liant dans le jeu et à la 85 ème minute après une nette domination tricolore, les bleus ouvrirent enfin le score grâce à Bernard Lacombe, notre n°9 sur une merveille de remise d'Onnis "soit qui mal y pense".
Ouf!, les Français l'avaient emporté par la plus petite des marges mais l'essentiel était fait, 3 points en 2 matchs et surtout la possibilité de disputer une "demi-finale" face aux Hollandais tenus en échec face à l'Allemagne 2-2: